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La parole est aux délégué·es

14/04/2023

Les conditions de travail et de rémunération des travailleuses et travailleurs du Commerce sont attaquées de toute part. La franchisation des magasins Delhaize et Mestdagh n'est à cet égard que l'arbre qui cache la forêt d'un secteur sous pression.

À ce propos, une manifestation était organisée ce vendredi 7 avril dans les rues de Liège afin de, certes, dénoncer ces plans honteux de franchisation qui se font sur le dos des travailleurs et des travailleurs dans le seul but d'enrichir les actionnaires, mais également pour dénoncer la dégradation des conditions de travail que connait l'ensemble du secteur.

À la fin de cette manifestation, un rassemblement était prévu pour permettre aux représentant·es du personnel de s'exprimer. À cet égard, nous tenions vivement à mettre en lumière leur discours. C'est pourquoi vous trouverez, ci-dessous, une retranscription des propos de Fabiola, déléguée SETCa-FGTB pour les magasins Delhaize, et de Sonia, déléguée SETCa-FGTB pour les magasins Mestdagh.

 

« Cela fait 22 ans que je travaille chez Delhaize.

Cela fait un mois jour pour jour que je suis, comme mes collègues, en grève.

7 mars

7avril

Un mois…

Jamais je n’aurais imaginé être capable de faire grève aussi longtemps. Et je pense que personne dans mes collègues ne s’imaginait pouvoir faire une telle grève.

Un mois…

Nous allons entamer notre 5e semaine de grève. Notre 5e semaine devant nos magasins. Aujourd’hui, après un mois, j’ai encore plus de détermination, de rage et de colère que lors de l’annonce du 7 mars. Car depuis, au-delà d’un plan scandaleux de la part d’une entreprise qui a augmenté ses dividendes et le salaire de son directeur sur le dos d’un plan de restructuration qui ne s’assume pas, nous devons en plus faire face au mépris et aux pressions des cadres intermédiaires.

Car notre détermination fait mal et les surprend.

La mesquinerie de nous interdire l’accès aux toilettes depuis quelques jours est à la mesure de la pression que nous leur mettons.

L’envoi de plus en plus systématique des huissiers est à la hauteur des coups que nous leur portons. Pas seulement au portefeuille, mais plus encore en terme d’image.

La présence de chiens de garde lors des réunions avec la direction démontre que la peur a quelque peu changé de camp.

C’est cela la VIOLENCE. Violence de l’annonce, Violence du mépris, Violence des intimidations et pressions…

Depuis un mois, ce que nous vivons sur les piquets, c'est l’expression concrète de la solidarité. Entre collègues. Chacune et chacun selon nos moyens. En prenant la mesure de la peur de nombre d’entre nous. Mais aussi de toutes celles et de tous ceux qui la dépassent. Qui se dépassent. Qui se révèlent chaque jour.

Expression de solidarité avec la clientèle qui est très nombreuse à venir nous soutenir, à nous manifester son soutien.

Un mois que nous nous battons pour nos droits, nos salaires et nos conditions de travail.

Mais pas seulement ! Car depuis un mois, nous nous battons aussi pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs du commerce. Et peut-être même au-delà du commerce.

Après Mestdagh, nous Delhaize.

Demain… vous ?

L’attaque contre nos conditions de travail de la part d’une multinationale largement bénéficiaire est une étape supplémentaire vers la dégradation des conditions de travail de bien d’autres enseignes et secteurs.

Notre défaite serait votre défaite. Mais notre victoire sera votre victoire !

Un mois déjà que nous ne lâchons rien. Partout en Belgique. Dans des stratégies et des réalités différentes, mais une même détermination e t un même objectif final : Ne rien lâcher tant qu’on n’aura pas gagné.

Un mois devant nos magasins. Magasins devant lesquels nous serons encore demain. N’hésitez pas à nous y rejoindre, pour nous soutenir moralement. Mais aussi concrètement face à des huissiers de plus en plus fréquemment envoyés.

Un mois devant nos magasins. Mais pas seulement. Dans la nuit de mercredi à jeudi, nous étions à nouveau devant le dépôt de Zellik.

Après un mois, nous sommes déterminés à monter d’un cran pour nous faire entendre et respecter.

Nous n’hésiterons pas à durcir notre mouvement.

Aux politiques, nous le disons clairement : faire des déclarations de soutien est un premier pas. Mais ce que nous voulons, ce sont surtout des actes. Des lois qui empêchent ce que fait aujourd’hui Delhaize. De la mise en ordre des commissions paritaires pour ne pas permettre un jeu de concurrence déloyale.

Notre lutte, par sa durée et son ampleur est déjà historique. Mais ce que j’aimerais, c’est qu’elle le devienne parce que c’est une victoire qui fait reculer le patronat. Ce que j’aimerais, c'est qu’elle entre dans l’histoire parce que nous avons été…

toutes et tous ensembles. »

Fabiola, Déléguée SETCa-FGTB Delhaize

 

« J’ai un mandat en DS, CE et CPPT et je suis employée chez Mestdagh depuis 12 ans.

Nous avons, malheureusement, été les premiers à ouvrir la porte à la franchise, s’en est suivi Delhaize.

Qui sera le suivant ?

Mestdagh est une entreprise dite « familiale » qui, en décembre 2017, a mis à la tête de celle-ci G. BLUSCART qui allait « sauver » une entreprise en difficulté avec en mai 2018, une restructuration et une réorganisation du travail. Pour finalement quitter le bateau qui coule
en janvier 2020.

1er mars 2022, le CEO en intérim, nous annonce la vente de Mestdagh à Intermaché mais pas de panique, Intermaché est bien conscient d’avoir repris des magasins intégrés et pourquoi pas explorer ce modèle ? Les CE s’enchaînent dans les mensonges, les contradictions aussi bien au niveau commercial, mais surtout au niveau social.

Le 9 janvier 2023, le coup bas tombe, ils veulent franchiser tous les magasins. Aucune procédure de licenciement collectif et la CCT 32 bis s’appliquera. Le transfert se fera vers une commission paritaire avec de moins bonnes conditions de travail et de rémunération.

Aujourd’hui, nous sommes au 7ème CEE, ceux-ci se suivent et se ressemblent. Aucune considération pour les remarques apportées par les organisations syndicales. Ils restent sourds aux demandes et aux actions de protestation des travailleurs.

Aucune alternative n’a été proposée par la direction au modèle de franchises alors que les organisations syndicales crient haut et fort ne pas en vouloir !

Des actions ont été menées, dont des fermetures de magasins pendant plusieurs jours et à plusieurs reprises. Des funérailles ont été organisées au dépôt de Bois-de-Villers, une action au siège d’Intermarché à Louvain-la-Neuve, le blocage du dépôt de Bois-de-Villers, un rassemblement chez Mestdagh à Gosselies avec nos Camarades de chez Delhaize, …

Les travailleurs veulent des garanties écrites que l’on ne touchera pas au salaire, à leurs conquêtes, des conditions de travail humaines et des départs volontaires. Mais la direction refuse catégoriquement car rien ne va changer !

Nous devons continuer le combat afin que cela n’arrive pas aux autres. »

Sonia, Déléguée SETCa-FGTB Mestdagh