Aller à l’idéal et comprendre le réel disait Jaurès dans un discours à la jeunesse.
Jaurès qui paiera de sa vie son internationalisme, son pacifisme, son attachement aux valeurs de la gauche qu’il défendait.
Dans son prolongement, osons aujourd’hui parler de notre idéal. Cet idéal qui a porté celles et ceux qui nous ont précédés et qui ont lutté depuis 1890 chaque premier mai.
Fermons quelque peu les yeux et laissons-nous imaginer une société avec :
- Une réelle réduction collective du temps de travail, passant dans un premier temps à 32 h en 4 jours, avec embauche compensatoire et sans perte de salaire ;
- Une liberté de négocier à la hausse les salaires sans intervention gouvernementale mettant un carcan à cette négociation entre interlocuteurs sociaux ;
- Une indexation des salaires qui tient pleinement compte de l’évolution du coût de la vie et qui s’applique à toutes et tous ;
- Une justice qui ne s’attaque plus aux libertés de manifester et de faire grève, qui utilise le droit pour corriger les injustices et non pour les perpétuer ;
- Des entreprises qui paient à la mesure des bénéfices qu’elles réalisent et ne bénéficient plus de multiples cadeaux fiscaux ;
- Des dividendes pour les actionnaires qui sont limités ;
- Une totale égalité salariale entre femmes et hommes permise par la tenue en compte des réalités des parcours de vie différents ;
- De vrais contrats pour toutes et tous, soit des CDI à temps plein et non des formules qui plongent les personnes dans la précarité ;
- Des services publics assurant pleinement leur service universel gratuit ;
- Un financement public des secteurs non marchand à la hauteur des besoins de la population qui bénéficie des services rendus par les nombreuses ASBL actives ;
- Des secteurs stratégiques, comme celui de l’électricité, nationalisés afin de maitriser les coûts pour les citoyennes et citoyens ;
- Une ouverture d’esprit qui fait qu’il n’y aurait plus de discrimination selon l’origine, la couleur de peau, l’orientation sexuelle… ;
- Une répartition équitable des richesses produites faisant en sorte que plus personne ne dorme dans la rue ou dans un logement insalubre
- …
Chacune et chacun d’entre vous pourra compléter cette liste loin d’être exhaustive.
Cet idéal n’est nullement utopique. Beaucoup de points cités ne seraient que des retours à une situation antérieure à l’offensive libérale que nous connaissons depuis maintenant plus de 40 ans.
Cet idéal peut être réalisé sur base du réel d’aujourd’hui. La richesse produite permet, si elle était justement répartie, de mettre en place cette société du progrès social.
Ce réel, nous pouvons nous en emparer pour le transformer en nous mobilisant collectivement.
Le plan d’action de la FGTB ne s’arrête pas le 1er Mai. Que du contraire puisqu’avant la manifestation nationale à Bruxelles le 20 juin, une action nationale déclinée régionalement aura lieu le 13 mai.
« De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », cet adage du penseur socialiste Louis Blanc reste pour nous syndicalistes un des meilleurs résumés de la société idéale.
Il n’appartient qu’à nous toutes et tous de le réaliser !
Bon 1er mai Camarades.
Françoise Bernard, Secrétaire Générale du SETCa Liège-Huy-Waremme